Revue de Presse sur la pauvreté des jeunes 16/05

Admin - May 17, 2023

Petite Enfance

Le HCFEA a rendu public son nouveau rapport "Qualité, flexibilité, égalité : un service public de la petite enfance favorable au développement de tous les enfants avant 3 ans"

Le Conseil de l'enfance et de l'adolescence préconise la valorisation des accueils flexibles dans le cadre du nouveau SPPE (Service Public de la Petite Enfance).

  • Ces dispositifs hybrides (Lieux d'accueil Parents-Enfants (Laep), Maisons Vertes, initiatives passerelles, jardins d'enfants etc.), sont gages d'une première socialisation des enfants et ont les qualités nécessaires (souplesse, "aller-vers", ancrage territorial...) pour répondre en partie au non-accès ou au non-recours à un mode d'accueil, particulièrement pour les familles modestes. 
  • Pour pérenniser et donner une plus grande visibilité à ces modes d'accueil, le Conseil propose de repenser leur financement, en créant par exemple une prestation de service public, ou en augmentant la dotation d'action sociale des CAF. Il préconise également de simplifier l'accès à ces structures, en allégeant les exigences administratives. 

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France Stratégie publie les résultats d'une recherche menée par le Crédoc sur les besoins des familles en situation de pauvreté en matière d'accueil du jeune enfant et d'aide à la parentalité

A la demande du comité d'évaluation de la stratégie nationale de la prévention de la lutte contre la pauvreté 2018-2022, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) a mené une étude sur les besoins des familles en situation de pauvreté en matière d'accueil de la petite enfance et de l'aide à la parentalité.

  • En 2018, seuls 19% des enfants appartenant aux familles vivant sous le seuil de pauvreté fréquentaient un mode d'accueil formel, contre 56% des enfants issus des familles au-dessus du seuil de pauvreté. 
  • A partir d'interviews menées en Seine-Saint-Denis et dans l'Aveyron, l'étude identifie les raisons du non-accès ou du non-recours à des modes de garde par les parents : leur modèle familial (plus ou moins d'attachement au modèle familial "traditionnel" ou "populaire"); leur rapport à l'extérieur vis-à-vis de la parentalité (par exemple, la volonté de se construire uniquement au sein d'un réseau communautaire ou familial); leurs expériences vécues et leurs rapports aux institutions. 
  • L'étude souligne l'existence d'une défiance envers les intervenants extérieurs, suspectés de pouvoir juger et dénoncer la situation de la famille. 
  • Le rapport conclut sur 4 préconisations :
    • Démontrer les bénéfices possibles des modes d'accueils collectifs et individuels pour les enfants, par l'observation et l'association graduelle et sur un temps long des familles;
    • Penser l'accueil progressif et les formes d'accueil mixtes; allonger la période d'adaptation et davantage y associer les parents;
    • Partager un référentiel commun sur la parentalité entre les professionnels et les parents en favorisant le dialogue;
    • Penser, outiller et accompagner la gouvernance territoriale des politiques de la petite enfance et de l'emploi, afin d'avoir un meilleur partenariat autour des parents, notamment ceux éloignés de l'emploi. 

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Les experts du Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU ont auditionné la France les 09 et 10 mai au sujet du respect de la Convention des Droits de l'Enfant en France

En 2020 et 2022, l'UNICEF avait remis deux rapports dénonçant de nombreux manquements dans la politique française, c'est pour cela que la France a été auditionnée ce mois de mai.

  • En mars 2023, en France métropolitaine, il y avait encore 1 559 enfants à la rue.
  • En 2023, l'accès à la scolarisation dans les Outre-mer n'est pas garanti, par exemple en Guyane, l'UNICEF estime à près de 10 000 le nombre d'enfants non scolarisés.
  • Près de 3 000 enfants sont encore enfermés dans des centres de rétention administrative en France et dans les Outre-mer, dont 2 900 à Mayotte. La Cour européenne des droits de l'homme a condamné 9 fois la France à ce sujet. 
  • L'UNICEF dénonce également le manque de prise en charge de la santé mentale des enfants et le manque de professionnels pédopsychiatres, alors même que les besoins ont augmenté depuis la crise de la Covid-19. 
  • Suite à cette audition, 275 parlementaires, élus locaux et représentants de la société civile ont signé une lettre ouverte au Président de la République pour appeler à la mise en œuvre urgente d'une politique volontariste de lutte contre la pauvreté des enfants. 

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Insertion Professionnelle

Le Président Macron présente la réforme des lycées professionnels

Le Président a présenté la réforme des lycées professionnels le jeudi 04 mai 2023 lors de sa visite à Saintes. 

  • La réforme prévoit un investissement supplémentaire d'1 milliard d'euros par an pour les lycées professionnels.
  • L'objectif est d'atteindre 100% d'insertion professionnelle notamment en luttant contre le décrochage scolaire dans les lycées et en améliorant la reconnaissance du travail et de l'engagement du corps enseignant. 
  • La réforme prévoit également une indemnisation des stages : 50€ par semaine pour les 2nd et les premières années de CAP, 75€ par semaine pour les 1ères, et les deuxièmes années de CAP, et 100€ pour les terminales, et les troisièmes années de CAP. 
  • Pour mieux coller au marché du travail et optimiser l'insertion des élèves, la carte des formations des lycées professionnels sera réformée à l'échelle locale, en proposant des formations en fonction des besoins du territoire (métiers en tension, métiers en devenir...).
  • Aussi, après le baccalauréat, des spécialisations sur une année seront déployées pour éviter aux bacheliers d'arriver trop jeunes sur le marché du travail. 

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Lutte contre la pauvreté

L'Agence du Don en Nature et la FEBEA, en collaboration avec le cabinet d'études PRS in Vivo ont mené une étude sur l'utilité sociale des produits cosmétiques, d'hygiène et de beauté

Cette étude réalisée entre juillet 2022 et avril 2023 auprès de 420 bénéficiaires d'associations de lutte contre la précarité montre que les produits cosmétiques sont indispensables pour améliorer l'estime de soi, le regard des autres et qu'ils facilitent l'insertion sociale et professionnelle.  

  • Souvent jugés superflus ou secondaire, les dons cosmétiques sont en réalité très importants pour les associations de lutte contre la précarité. 
  • Les produits de beauté sont une denrée rare pour les personnes précaires qui se voient forcer de choisir entre des produits alimentaires et des produits cosmétiques. 
  • Cependant, 83% des répondants considèrent que l'accès à ces produits leur permettrait d'améliorer leur estime de soi.
  • 78% des femmes mentionnent par exemple l'accès au parfum, 70% les produits pour les cheveux, 62% les crèmes hydratantes, et 51% le maquillage. 
  • Les entretiens qualitatifs menés révèlent que ces produits permettent de reprendre confiance en soi, de se sentir "belle", ils aident à aller vers les autres, diminuent le sentiment de honte. D'autres répondants évoquent aussi l'impact sur l'insertion professionnelle en soulignant l'importance d'être bien apprêtée pour les entretiens d'embauche. 
  • Face à ces besoins, certaines associations ont mis en place des ateliers socio-esthétiques pour permettre aux personnes bénéficiaires de fabriquer leurs produits, d'obtenir des conseils ou de participer à des sessions de maquillage. 

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L'intérim, un mirage qui cache la précarité

Alors que le nombre d'intérimaires va bientôt atteindre 3 millions en France, et qu'une nouvelle loi sur l'intérim, l'Observatoire de l'Intérim et du Recrutement (OIR) et des syndicats, soulignent la précarité de ces positions. 

  • Selon l'OIR, seulement 9% des intérimaires ont fait le choix de ce système pour être plus libres dans leur temps de travail. Pour la majorité, l'intérim est subi. 
  • Parmi les 3 millions d'intérimaires, 80% sont des salariés non-qualifiés des secteurs ouvriers de l'industrie, de la logistique et du bâtiment. 
  • Une nouvelle loi entrée en vigueur en février 2023 stipule que tout salarié en CDD ou en intérim qui refuse deux propositions de CDI en douze mois peut se voir retirer son filet de sécurité. Cette loi devrait concerner près d'un salarié sur deux, et risque d'encore davantage précariser les intérimaires. 
  • La réforme du chômage inquiète également, les indemnités chômage sont indispensables lors des périodes de carence : les salariés temporaires sont en effet légalement tenus d'attendre six mois entre deux contrats de dix-huit mois au sein d'une même entreprise. Réduire l'accès aux indemnités chômage, c'est enlever leur seul filet de sécurité. 
  • Le recours à l'intérim est censé être exceptionnel et justifié, par exemple dans le cas d'une augmentation temporaire de l'activité ou d'un remplacement, mais en réalité, c'est un outil de flexibilité pour les entreprises. Elles se réservent un stock de travailleurs facilement licenciable en cas de baisse d'activité. 
  • De nombreux jeunes se retrouvent dans ce système dès leur entrée sur le marché du travail. Selon l'OIR, l'intérim est la première forme d'emploi de 29% des interrogés. Or, les missions intérim concernent souvent des travaux et des métiers très difficiles, physiquement et psychologiquement, avec d'importantes conséquences sur la santé. 

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Des études et lectures intéressantes...

...sur les inégalités sociales et la pauvreté

L'Observatoire des inégalités publie une étude sur l'intensité de la pauvreté en France. En 2019, la moitié des personnes pauvres gagnent moins de 752€ par mois, un niveau inférieur de 18% au seuil de pauvreté (918€). L'indicateur d'intensité de la pauvreté est mesuré grâce à l'écart entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. En 2019, cet écart est de 166€ (soit 18% inférieur au seuil de pauvreté). Or, cet écart n'a quasiment pas évolué depuis 20 ans. Il s'est brièvement réduit au début des années 2000 (14%), mais est remonté à 18% depuis 2005. Dans le contexte actuel d'inflation, il n'y a pas suffisamment de données pour prédire l'évolution de cet indicateur d'intensité de la pauvreté, mais les chercheurs soulignent l'importance de la revalorisation des prestations sociales et des indemnités chômage pour diminuer le risque d'augmentation de l'intensité de la pauvreté en France.  Voir l'étude.

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L'Observatoire a publié une autre étude sur l'évolution des revenus des 10% les plus pauvres. Ceux-ci n'augmentent plus depuis 20 ans, ils auraient même régressé si l'on ne considère que les revenus du travail, avant les prestations sociales. La part des revenus que reçoivent les 10% les plus pauvres s'amenuise, ils n'en perçoivent que 3,5% en 2019, contre 3,8% en 2002. Si cette baisse de 0,3% semble faible, elle est en réalité énorme si on la mesure en euros. Entre 2002 et 2019, la masse globale des revenus de tous les ménages a augmenté de 187 Mds€ annuels. Les 10% les plus pauvres ont obtenu 4 Mds€ de plus, mais les 10% les plus riches en ont obtenu 48 Mds€ de plus, soit plus que dix fois plus. Autrement dit, les plus pauvres ont reçu 2% de la croissance globale des revenus annuels des ménages, tandis que les plus riches en ont perçu 25%. De plus, entre 2008 et 2017, le niveau maximum déclaré par les 10% les plus pauvres a baissé de 727€ à 630€ par mois, soit une perte de pouvoir d'achat de 13%. Cette situation s'explique par le développement des emplois très précaires et par la faiblesse de l'indemnisation du chômage. Voir l'étude.


Une étude scientifique suggère que l'environnement social produit des différences selon le sexe dans la structure du cerveau. L'inégalité de genre à travers le monde est associée à des risques plus élevés pour la santé mentale des femmes et des résultats scolaires et des opportunités moins bons que ceux des hommes. Or, le cerveau est façonné par la façon dont on est élevé et par nos expériences socio-environnementales négatives. Des chercheurs ont donc cherché à tester l'hypothèse que "l'exposition inégale à des conditions difficiles, subies davantage par les femmes que par les hommes dans les pays à forte inégalité de genre, pourrait se traduire par des différences dans la structure de leur cerveau". A partir de l'analyse de 8 000 images IRM, issues de 29 pays, les chercheurs ont observé une épaisseur moins importante du cortex dans l'hémisphère droit chez les femmes dans les pays à forte inégalité de genre, mais aucune différence significative entre les deux sexes dans les pays ayant une moindre inégalité. Cette zone du cerveau est notamment liée au contrôle des émotions comme la résilience face à l'adversité, aux réponses à l'iniquité ou aux comparaisons sociales négatives. Cette zone est également sensible au stress et pressions subies. L'écart d'épaisseur observé pourrait ainsi résulter de l'exposition à un environnement défavorable et au stress engendré en réponse, tout au long de la vie. Bien que critiquée par d'autres chercheurs, cette étude suggère que les différences sociales engendreraient des différences biologiques. Voir l'article.