Revue de Presse sur la pauvreté des jeunes 19/04

Admin - Apr 19, 2023

Petite Enfance

Un rapport de l'Igas alerte sur la "maltraitance institutionnelle" pesant sur le personnel des crèches

Commandé après la mort d'une fillette dans une crèche privée en 2022, ce diagnostic souligne les nombreuses défaillances du secteur.

  • Le secteur se caractérise par une "grande hétérogénéité", les conditions ne sont pas entièrement réunies à ce jour pour garantir un accueil de qualité. 
  • Le rapport alerte sur la "maltraitance institutionnelle" pesant sur les professionnels, ce qui augmente le risque de situations de maltraitance individuelle.
  • Les questionnaires envoyés dans le cadre de cette étude ont fait remonter environ 2 000 situations de maltraitance. Un quart des répondants professionnels indiquent avoir travaillé dans un établissement considéré comme maltraitant (contention, forçage alimentaire, violences physiques et psychologiques...). 
  • Les auteurs notent la dégradation des conditions de travail, une formation et une culture du signalement insuffisantes, ainsi que le manque de temps et de réflexion sur les pratiques professionnelles. 
  • Le rapport produit 38 recommandations avec un impératif adressé aux pouvoirs publics, professionnels et familles : s'assurer que les crèches soient un lieu  "d'accueil de personnes en situation d'extrême vulnérabilité et d'extrême dépendance", et ainsi "prendre la mesure de ce que ce type d'activités implique en termes de conditions de travail, de temps nécessaire à l'accompagnement des personnes, de formation, de prévention des risques, d'évaluation et de contrôle".
  • Le rapport insiste sur plusieurs leviers : la formation des professionnels, le financement, la gouvernance et le contrôle des établissements. 

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Voir l'étude de l'Igas.

 

Insertion Professionnelle

 

Chômage des jeunes

L'Insee publie une étude sur le chômage des jeunes en 2022.

  • En 2022, 68,1% des personnes âgées de 15 à 64 ans sont en emploi. Ce taux augmente de 0,9 point en moyenne sur l'année, et atteint son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure. 
  • L'emploi des jeunes continue d'augmenter fortement, mais moins qu'en 2021. L'alternance et les stages contribuent pour moitié de cette hausse en 2022, l'autre moitié s'explique par les emplois à durée indéterminée et les emplois de fonctionnaires. 
  • La baisse du travail à temps partiel s'accentue essentiellement parmi les femmes, et retrouve le niveau de 2019. 

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Des "job dating" culinaires pour favoriser l'insertion professionnelle à Marseille

Les rendez-vous "Plan de travail", financés par la Métropole Aix-Marseille-Provence, mettent en lien les demandeurs d'emploi et les recruteurs à travers des matinées de cuisine aux côtés de chefs étoilés. 

  • Cette série de dix événements vise à lever les freins à l'emploi en réunissant employeurs et demandeurs d'emploi autour de la confection et de la dégustation d'un repas.
  • En tant qu'employeur, travailler dans une cuisine permet de voir très vite qui est autonome, organisé, collaboratif, enthousiaste : le savoir-être de chacun émerge.
  • Cette opération est coordonnée par le réseau d'entreprises Face Sud Provence, et à l'issue de ce temps, les représentants d'entreprises s'engagent à proposer un suivi à au moins un candidat au cours d'une rencontre individuelle : stage, parrainage, visite d'entreprise, mise en réseau, évaluation dans le milieu du travail...

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Pauvreté et inégalités sociales

 

Inégalités des chances

France Stratégie a publié une nouvelle note analysant le pouvoir prédictif du sexe, de l'environnement familial et territorial sur le niveau de revenu d'activité perçu pendant la première partie de la vie active.

  • Le milieu d'origine est la caractéristique la plus influente sur les trajectoires des individus, loin devant le sexe et le territoire où l'on grandit. 
  • L'ascendance migratoire joue un rôle limité. 
  • L'écart de revenu lié à l'origine sociale s'élève en moyenne à environ 1 100€ mensuels entre personnes d'origine favorisée et d'origine modeste, contre 150€ de différence entre une personne d'ascendance migratoire africaine et une autre sans ascendance. L'origine sociale est donc sept fois plus influente que l'ascendance migratoire. 
  • Le sexe est le deuxième facteur d'inégalités : les femmes perçoivent en moyenne 25% de moins que les hommes, et l'écart de salaire moyen, toutes choses égales par ailleurs s'élève à environ 600€ par mois. 
  • Les écarts ont peu évolué entre 2010 et 2018 et montre une grande stabilité de l'inégalité des chances en France. 
  • Cependant, ces moyennes ne doivent pas occulter la très grande hétérogénéité des trajectoires individuelles. 
  • Parmi les hommes d'origine favorisée, une différence de 5 000€ sépare les 10% les moins bien payés des 10% les mieux rémunérés. Si l'on croise les catégories, 11% des femmes d'origine modeste gagnent davantage que la moitié des hommes d'origine favorisée. Il n'y a pas de déterminisme dans les trajectoires. 
  • 64% de l'écart moyen des revenus entre personnes favorisées et modestes s'explique par la différence du niveau de diplôme. 
  • Entre hommes et femmes, les écarts ne s'expliquent pas par le niveau de diplôme mais par des différences sur le marché du travail : les femmes sont plus souvent à temps partiel, moins en emploi, ou sur des postes moins bien rémunérés. Aussi, la naissance des enfants fait baisser le revenu d'activité des femmes de l'ordre de 20% cinq ans après leur naissance, là où elle n'a pas d'effet sur le revenu des hommes. 

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Voir l'étude.

 

Lutte contre la pauvreté

 

Précarité étudiante

Le ministère de l'Enseignement supérieur travaille depuis octobre 2022 sur les mesures de lutte contre la précarité étudiante et a annoncé les premiers contours de la prochaine réforme des bourses étudiantes. 

  • 500 millions d'euros sont prévus pour augmenter le nombre de bénéficiaires et revaloriser le montant des bourses de tous les échelons. 
  • 35 000 étudiants supplémentaires devraient ainsi devenir boursiers en septembre 2023. 
  • Une augmentation de 37€ par mois est prévue pour tous les échelons, soit 370€ par an. 140 000 étudiants boursiers basculeront à un échelon supérieur. 
  • Une seconde étape de la réforme devrait intervenir en septembre 2024, en attendant, la concertation se poursuit jusqu'à l'été. 

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Le Sénat a validé une proposition de loi en attente depuis deux ans sur l'accès à des repas à des tarifs modérés pour tous les étudiants. Le texte stipule que dans "chaque territoire, les étudiants peuvent bénéficier d'une offre de restauration à tarif modéré à proximité de leur lieu d'études". Dans les zones blanches, éloignées de toute offre de restauration, les étudiants pourront bénéficier d'une aide financière. La mise en place opérationnelle de cette mesure reste encore floue, et les acteurs du secteur réclament de donner des moyens supplémentaires aux Crous pour satisfaire les besoins de ce nouveau service. 

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Lancement de l'appel à projets "Territoires zéro non-recours"

 

  • Dix "territoires zéro non-recours" doivent émerger d'ici la fin de l'été pour mettre en œuvre de nouvelles organisations et pratiques pour lutter contre le non-recours aux droits et prestations. 
  • La DREES montre en effet que 50% des personnes éligibles au minimum vieillesse le touchent effectivement, 34% des personnes éligibles au RSA en bénéficient réellement. Cela représente près de 4 milliards d'euros non versés par an. 
  • L'objectif de ces expérimentations est de tisser des partenariats entre différentes collectivités locales et opérateurs (CAF, MSA...) en charge du RSA et de la prime d'activité. L'idée est d'avoir des projets mettant en place des tuyaux d'échange entre acteurs et un versement automatique pour devancer les besoins des bénéficiaires et mieux cibler à l'avenir les dispositifs exceptionnels vers les populations les plus à risque, comme la prime inflation ou le chèque énergie. 
  • L'expérimentation devrait s'étendre sur 3 ans pour un financement total de 2 millions d'euros. Un Comité de suivi et d'évaluation des "territoires zéro non-recours" a été créé. Ce comité est copiloté par la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) et par le Conseil National des politiques de Lutte contre la pauvreté et l'Exclusion sociale (CNLE) et remettra deux rapports d'évaluation du dispositif. 

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Des études et lectures intéressantes...

 

...sur les inégalités sociales

L'Observatoire national des discriminations et de l'égalité dans le supérieur a publié les résultats d'une enquête réalisée en février 2022. Celle-ci ne montre pas de différences de traitement selon le genre des candidats, mais montre que les étudiants aux noms d'origine maghrébine sont pénalisés dans leurs démarches. L'étude montre également que les masters les plus discriminants sont aussi les plus sélectifs, où l'insertion professionnelle est la meilleure, avec un salaire médian plus élevé. Cela contribue à orienter les candidats vers des masters moins performants du point de vue de leur capacité à insérer les étudiants qui en sortent.  

Voir l'étude.


L'Observatoire des inégalités a publié une étude sur les pratiques inégales de vote selon l'âge et la catégorie sociale. Cette étude montre que les écarts se sont très nettement creusés selon les milieux sociaux. Très peu de cadres s'abstiennent à tous les scrutins (6,8% en 2022), en revanche, la part des abstentionnistes systématiques est passée de 13,3% en 2002 à 19,7% en 2022 chez les ouvriers. Le diplôme est un facteur déterminant du vote, et si l'on croise l'âge et le milieu social, l'abstention atteint des records : en 2022, 50% des 18-29 ans sans diplôme n'a voté à aucun scrutin, contre 17% des jeunes diplômés du supérieur. Voir l'étude.


Julien Damon, sociologue français spécialiste des questions de pauvreté et d'inégalités sociales, a publié un nouvel ouvrage intitulé "Toilettes publiques, Essai sur les commodités urbaines". Il y montre comment les toilettes publiques peuvent être un révélateur des inégalités sociales à travers le monde. Voir l'article.