Revue de Presse sur la pauvreté des jeunes 31/03

Admin - Apr 7, 2023

Petite Enfance

 

Le Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge (HCFEA) a publié un nouveau rapport dressant l'état des lieux de l'accueil des enfants de moins de 3 ans en France et formulant ses propositions pour le futur Service Public de la Petite Enfance (SPPE)

Ce nouveau rapport dresse un état des lieux inquiétant de l'accueil des enfants de moins de 3 ans en France.

  • 56% des parents gardent eux-mêmes leur bébé, alors qu'ils ne sont que 36% à souhaiter le faire.
  • 2 enfants sur 10 sont gardés par leur proche famille (les parents majoritairement), faute d'avoir obtenu une place en crèche ou chez une assistante maternelle.
  • Depuis 2017, l'offre d'accueil diminue : baisse du nombre d'assistantes maternelle, du nombre de places en écoles préélémentaires, du nombre de places en crèches municipales, départementales ou associatives. Seules les places en crèches privées à but lucratif se développent. 
  • Les inégalités géographiques sont renforcées : les communes aisées et les centres de métropoles proposent beaucoup plus de solutions de garde que les territoires excentrés (avec des populations à plus faibles revenus), et qu'en Outre-mer. 
  • Alors que la crèche est le mode de garde le plus plébiscité par les parents, et le moins onéreux, ils ne sont que 18% a y avoir accès comme mode de garde principal. 
  • 20% des enfants sont majoritairement accueillis par une assistante maternelle.
  • Le HCFEA plaide pour que le SPPE assure à tous les enfants de moins de 3 ans dont les parents sont actifs, une place d'accueil à temps plein, et à tous les enfants dont au moins un des parents n'a pas d'activité professionnelle, une place à temps partiel. 
  • Le HCFEA recommande aussi le lancement d'un plan national de soutien aux maisons d'assistantes maternelles, et demande la possibilité pour les assistantes maternelles d'être salariées par des structures prestataires, comme c'est le cas pour les aides à domicile. 

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Ce nouveau rapport définit également les contours et les missions de ce Service Public de la Petite Enfance, ainsi que les étapes à suivre pour sa mise en œuvre. 

  • La mission du SPPE serait de garantir le droit à une place d'accueil pour tous les enfants de moins de 3 ans, à un coût abordable pour les familles, et comparable sur l'ensemble du territoire, et entre les différents modes d'accueil.
  • Il a pour objectifs principaux de permettre aux parents de continuer à travailler ou de reprendre rapidement un emploi, de se former, ou de chercher un emploi après une naissance; et de permettre de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.
  • Le SPPE permettrait de favoriser l'égalité entre les femmes et les hommes, de soutenir la parentalité, de lutter contre la pauvreté, de favoriser le développement de l'enfant, la socialisation précoce, et de lutter contre les inégalités.
  • Cela implique de créer entre 200 000 et 380 000 places d'accueil dans la version la plus ambitieuse.
  • Le HCFEA recommande que la politique soit conduite au niveau des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI), et pour lutter contre les inégalités territoriales, il recommande d'analyser avec les responsables locaux les raisons des écarts actuels afin de définir des mesures d'accompagnement spécifiques pour ces territoires.

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Décrochage Scolaire

 

Dans un rapport publié le 20 mars, la Défenseure des droits dresse un bilan préoccupant de la situation aux Antilles

Dans ce rapport, la Défenseure des droits montre que la fracture avec la métropole concerne aussi bien l'éducation que la santé, l'accès à l'eau ou les transports. 

  • Aller à l'école dans les Antilles se révèle souvent difficile tant le réseau de transports en commun est défaillant. 
  • Pour ceux qui parviennent à se rendre dans les établissements scolaires, le faible nombre de places offertes au sein des cantines ne permet pas de répondre à la demande, et d'offrir un repas quotidien à tous les enfants, favorisant le décrochage scolaire. 
  • En Guadeloupe et Martinique, 33% des écoliers arrivent en 6e avec une "maîtrise du français fragile ou insuffisante" contre 11% en métropole. 
  • 25% des jeunes guadeloupéens de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET), contre 12,9% dans l'hexagone. 
  • 34% de la population vit sous le seuil de pauvreté en Guadeloupe, dont 12% sont en situation de grande pauvreté. 

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Selon l'association SOS hébergement, les changements d'hébergements d'urgence entrainent la déscolarisation de certains enfants

  • Selon l'association, ce phénomène de déscolarisation concerne "une bonne partie" des enfants en hébergement d'urgence. 
  • Il y a un manque de données sur l'ampleur du phénomène. Il n'existe pas de données spécifiques sur les enfants hébergés par le Samu social et non scolarisés. 
  • Si les mairies sont obligées d'inscrire les jeunes à l'école, certaines refusent de le faire en cours d'année. 
  • Après la mise à l'abri par le 115, une évaluation par les assistants sociaux doit avoir lieu afin de trouver un logement pérenne, mais par manque d'assistants sociaux, les familles restent des mois, parfois des années dans des hôtels. 
  • Dans la mesure du possible, le Samu social essaie de trouver les solutions les plus adaptées, mais ce n'est pas toujours possible, la priorité étant la mise à l'abri, et non la scolarisation des enfants.

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Un Chien de thérapie pour lutter contre le décrochage scolaire

A Nice, Newton, le chien de la principale du Collège Rusca constitue un élément essentiel contre le décrochage scolaire. D'abord chien de thérapie pour aider les élèves à se remettre de la tempête Alex, il fait désormais partie intégrante de la vie de l'établissement. C'est une présence réconfortante pour les élèves, il apporte sérénité et motivation, et certains affirment même ne venir à l'école que pour le voir. 

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Pauvreté et inégalités sociales

 

Précarité menstruelle

Selon le dernier sondage Opinionways, près de 4 millions de femmes seraient concernées par la précarité menstruelle en France. Ce nombre a doublé depuis 2021. 

  • Sur les 4 millions, 2,6 millions ont dû renoncer à acheter des protections périodiques pour des raisons financières, au moins une fois dans l'année.
  • Parmi celles qui ont pu s'en procurer, 1,2 million a dû renoncer à d'autres biens essentiels, au moins une fois dans l'année. 
  • Les femmes âgées de moins de 25 ans sont les plus concernées, près de 30% des 18-24 ans ont été contraintes financièrement de renoncer à acheter des protections périodiques. 
  • Selon le baromètre Ifop de l'association Dons Solidaires, en 2019, 1,7 million de femmes n'avaient pas accès aux protections périodiques, elles étaient 2 millions en 2021, 4 millions en 2022. 
  • 86% des femmes concernées pensent que leur condition ne va pas s'améliorer à cause de l'inflation, et plus de 1,2 million de femmes pensent qu'elles vont basculer dans la précarité dans les douze prochains mois. 

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Mesure de la précarité en France

Le gouvernement a demandé à l'Insee de lui fournir de nouveaux indicateurs pour suivre la précarité des foyers. 

  • Aujourd'hui l'Insee se base sur l'Enquête Revenus Fiscaux et Sociaux qui ne prend pas en compte les personnes résidant en communauté, les habitations mobiles, ni les sans-abri et les ménages étudiants. 
  • L'Insee va devoir proposer une sorte "d'Observatoire de la perception de l'inflation", une compilation trimestrielle avec des foyer types, qui permettra de mesurer comment ces populations se sentent impactées par l'inflation, et comment l'Etat peut répondre à leurs besoins. 
  • L'objectif de ce nouvel indicateur, attendu pour le printemps est de mieux anticiper et prévenir le basculement dans la pauvreté. 

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Insertion Professionnelle

 

"Craftavie" un jeu de rôle créé en Normandie pour rendre l'insertion professionnelle "plus fun"

Répondant à un appel à projets du ministère du Travail et des Solidarités en 2022, les deux créatrices ont voulu démystifier le rapport au fait d'apprendre et d'avoir des responsabilités pour les jeunes en centres d'insertion professionnelle. 

  • Reprenant les codes du jeu de rôle et des jeux vidéos, les deux femmes ont imaginé le jeu "Craftavie".
  • Dans ce jeu, les joueurs, les "Crafteurs" vont se lancer dans des quêtes : le "voyage intérieur" (pour apprendre à gérer ses émotions et les relations aux autres); la "rencontre avec l'oracle" (pour réfléchir à son projet de vie); "le palais des magiciens" (pour évoquer l'accompagnement administratif, les aides à la mobilité, au logement...). 
  • Les jeunes ont accès à des cartes "métiers" qu'ils pourront expérimenter dans la réalité lors des activités dans leur centre d'insertion professionnelle. 
  • Ils peuvent aussi utiliser des cartes "archétypes" et construire un "référentiel de compétences" pour leur apprendre à valoriser leurs points forts. 
  • Ainsi, en faisant avancer leur personnage, ce sont eux-mêmes que les jeunes font avancer. 
  • Les créatrices sont à la recherche de partenaires financiers pour travailler le concept. 

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Lutte contre la pauvreté

 

En Hauts-de-Seine, plusieurs villes ont créé un fonds de mécénat local pour financer des projets d'intérêt général, des actions culturelles, sportives ou sociales

  • La ville d'Asnières a notamment voté en faveur d'un tel dispositif, non sans quelques contestations. L'élu EELV Laurent Guillard le considère comme de la "privatisation de l'action publique, avec à la clé des déductions d'impôts pour les entreprises". 
  • A Clichy, le fonds Clichy Mécénat a déjà engrangé 3,7 millions d'euros, notamment grâce aux financements de L'Oréal et de Bic, ce qui a permis de financer 171 projets. 
  • Meudon devrait très prochainement elle aussi lancer son fonds de mécénat. 

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Durcissement des conditions d'éligibilité aux allocations et aux minimas sociaux

Le mercredi 8 mars, le ministre des comptes publics, Gabriel Attal a déclaré vouloir durcir les conditions d'éligibilité aux allocations et aux minimas sociaux. Il souhaite que ces aides soient accessibles après 9 mois passés sur le territoire, contre 6-9 mois aujourd'hui. 

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Augmentation des prestations sociales en avril 2023

Les prestations sociales augmenteront de 1,6% en avril 2023. 

  • Cette revalorisation a été calculée à partir de la moyenne des taux d'inflation mensuels depuis un an, soit 5,6% par rapport à avril 2022. Mais l'augmentation réelle a été ramenée à 1,6% car le gouvernement a tenu compte de la hausse exceptionnelle de 4% qui avait été accordée de manière anticipée en juillet 2022.
  • Cette hausse anticipée avait été bien accueillie par les associations, puisqu'elle a permis de faire face à l'inflation.
  • Cependant, les prix continuant d'augmenter (inflation de 14 voire 15% sur les produits alimentaires et de première nécessité qui constituent une part importante du budget des publics précaires), la hausse anticipée et cette nouvelle augmentation ne permettent pas de répondre aux besoins des ménages les plus précaires fortement touchés par l'inflation. 

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Contrats de Ville (QPV)

La prochaine génération de contrats de ville tarde à être officiellement lancée. 

  • Les élus doivent attendre que le programme Quartier 2030 soit dévoilé pour en savoir plus sur les futurs contrats de ville.
  • En théorie, les contrats de ville doivent être signés fin 2023 pour entrer en application en janvier 2024, mais cela semble difficile. 
  • Après une première ébauche de cartographie par l'Insee, une période de dialogue entre les préfets et les élus locaux doit avoir lieu afin de déterminer les limites de la géographie prioritaire. 
  • La liste définitive des quartiers ne sera donc connue qu'en janvier 2024.

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Des études intéressantes...

 

...sur les inégalités sociales

Un nouveau rapport de l'Unicef met en lumière l'aggravation des inégalités en Europe et en Asie centrale.

  • Suite à la pandémie, 95% des pays affichent un recul de la couverture vaccinale, près d'un million d'enfants n'ont pas eu les vaccins prévus.
  • La région Europe et Asie centrale présente l'un des taux les plus élevés au monde d'enfants séparés de leur famille et d'enfants placés en institution.
  • Les données montrent que les enfants roms et les enfants handicapés sont représentés de manière disproportionnée dans les foyers d'accueil.
  • Le rapport note que les enfants roms et les quelques 11 millions d'enfants handicapés comptent parmi les plus défavorisés en matière d'accès à une éducation de qualité. 

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La pauvreté des familles monoparentales serait sous-estimée selon une étude de la DREES.

  • Les statistiques officielles ne prennent pas en compte les spécificités des familles monoparentales. Le système actuel des niveaux de vie est calculé en fonction du nombre de personnes composant un ménage, avec un système de pondération pour tenir compte des "économies d'échelles" que permet la cohabitation sous un même toit. C'est le système d'Unité de Consommation (UC). Mais cette méthode ne fait pas la distinction entre un couple d'adultes, et une mère célibataire et sa fille adolescente. 
  • Ces deux ménages sont toutefois bien différents : le couple partage la même chambre, mais l'adolescente voudra avoir sa propre chambre. Ainsi, les familles monoparentales pourraient se voir créditer 0,5 UC supplémentaire dans le calcul de leur niveau de vie pour mieux représenter le sentiment d'aisance financière amoindri. 
  • Cela conduirait à revoir fortement à la hausse l'estimation du taux de pauvreté des familles monoparentales qui serait au moins multiplié par 1,5. 

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L'association Dons Solidaires qui lutte contre le gaspillage en collectant auprès des entreprises des invendus, publie depuis 2019, en partenariat avec l'Ifop, un baromètre hygiène et précarité. L'étude porte sur une double enquête : l'une est réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population française dans son ensemble; l'autre est administrée auprès des personnes en situation de grande précarité, bénéficiaires des services rendus par les associations de Dons Solidaires. 

  • En 2023, près d'un Français sur 10 doit renoncer au moins occasionnellement à l'achat de produits d'hygiène de première nécessité (déodorant, lessive, brosses à dents, shampoing, gel douche, dentifrice ou papier toilette). 
  • Parmi les bénéficiaires de Dons Solidaires, c'est entre 25 et 30%  qui sont concernés par de tels renoncements. 
  • Une partie substantielle des sondés indiquent redoubler d'efforts pour économiser les produits d'hygiène : 22% des hommes expliquent se raser moins fréquemment (+9 points); 12% des sondés déclarent ne pas pouvoir se laver les cheveux autant que possible par manque d'argent (+6 points).
  • Parmi les bénéficiaires de Dons Solidaires, 56% indiquent contrôler la consommation de gel douche et de shampoing de leurs enfants. 
  • L'achat de produits cosmétiques fait désormais figure de variable d'ajustement dans le budget des ménages. 37% des femmes indiquent renoncer souvent ou de temps en temps à l'achat de maquillage, une proportion en forte hausse depuis 2020 (+9 points).
  • On pourrait arguer que le renoncement sur les cosmétiques relève du secondaire, mais pour les femmes concernées, de tels renoncements sont vécus comme un déclassement, et se traduisent par un sentiment d'anxiété.
  • Le baromètre montre également un constat alarmant concernant l'évolution de la précarité menstruelle. En 2022, près de 15% des femmes réglées indiquent qu'il leur arrive souvent ou de temps en temps de ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques. Elles sont 11% à devoir, par manque d'argent, utiliser des produits de substitution tels que des mouchoirs ou du papier toilette. Elle étaient 7% en 2019 et 6% en 2020. 
  • La précarité menstruelle concerne près d'un quart des femmes appartenant aux catégories pauvres de la population. Dans l'échantillon des bénéficiaires de Dons Solidaires, près d'une femme sur deux indique ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques par manque d'argent. Les jeunes femmes de moins de 25 ans sont les plus touchées (20% contre 14% des 35-49 ans). 

Voir l'étude.